Fin 2015, Télé-Québec diffusait sur ses antennes un documentaire intitulé L’amour au temps du numérique par la réalisatrice Sophie Lambert. Pendant huit mois, elle a suivi trois garçons et trois filles âgés de 18 à 24 ans. Elle explique sa démarche dans les colonnes du Huffington Post : « Je n’avais pas envie d’amener un regard qui jugeait cette génération. Je pense qu’il y a vraiment un clash générationnel en ce moment. Plusieurs ne comprennent pas ce qui est en train de se passer, et les six jeunes du documentaire m’ont dit avoir accepté de le faire pour aider leurs parents à comprendre leur réalité. ». Alors comment les avancées technologiques ont changé notre perception des relations amoureuses ?
L’heure du « junk love »
Ce qui est intéressant chez les applications de « rencontres » qui dominent le marché comme « Happn » ou « Tinder » c’est qu’elles privilégient le physique à la personnalité. Quand un profil s’affiche, c’est une photo qui apparait, que l’on glisse à gauche si la personne ne vous intéresse pas et à droite si la personne vous plaît. Avant de construire une personnalité que l’on va mettre en avant, il faut tout d’abord se construire une image que l’on va « vendre » sur ces applications. La sociologue franco-israélienne Eva Illouz le confirme en parlant de Tinder aux Inrockuptibles : « C’est une illustration de l’autonomisation et de la désacralisation de la sexualité, c’est-à-dire le fait qu’elle n’est plus régulée par des codes moraux. On ne s’y évalue qu’en fonction de son apparence physique. ».
C’est en cela qu’apparait une différence importante avec les prédécesseurs de ces applications, les sites de rencontres classiques comme celui-ci. Si la technologie tient évidemment une place importante sur les sites de rencontres, ceux-ci reprennent tout de même les codes classiques des rencontres amoureuses. On y juge un profil, un caractère, des passions en plus du physique. Sur les applications de rencontre, il n’est plus question de rechercher chez l’autre des atomes crochus, la journaliste Marika Laforest parle même de « fast-food de la date ».
L’évolution des technologies et son immiscion dans nos vies amoureuses nous poussent à mettre en scène notre image et plus globalement nos vies. Il faut paraitre pour pouvoir consommer. Nous avons connu la junk food avec la restauration rapide, la junk news avec les chaines d’information 24/24h, il est désormais l’heure de la junk love, c’est peut-être cela le futur amoureux !
L’amour du futur
Si les applications et les sites de rencontres ont déjà eu un impact sur nos relations sociales et amoureuses, les technologies du futur promettent des bouleversements encore plus grands.
On voit de plus en plus de scenarios amoureux dans les films de science-fiction qui mettent en scène l’amour virtuel d’une façon nouvelle. En effet, on connait la réalité augmentée qui a déjà débarqué dans nos salons et salles de jeux, mais elle s’installera aussi bientôt dans notre sphère intime. A l’avenir, nous serons capables de communiquer avec d’autres personnes (réelles ou virtuelles) à plusieurs kilomètres, de les voir en 3D, de leur parler et de les sentir comme si elles étaient là tout près. C’est donc une innovation qui pourrait nous replier sur nous-mêmes, nous isoler dans une fausse réalité et nuire aux relations sociales dans la vraie vie.
Plus effrayant encore, une autre alternative serait de tomber amoureux d’une intelligence artificielle comme dans le film « Her ». Le personnage principal tombe amoureux d’un programme informatique ultramoderne, capable de s’adapter à la personnalité de chaque utilisateur. Il serait donc possible de tomber amoureux d’une machine, d’un ordinateur ou d’un robot !
En conclusion, tout laisse à penser que les nouvelles technologies vont bouleverser notre vision de la réalité. Il nous faudra beaucoup de discernement et de foi en l’amour pour ne pas sombrer dans la folie…